Genève, jeudi 31 juillet 2025.
Les dirigeants de parlement de quelque 120 pays se sont réunis à l’Office des Nations Unies à Genève pour la sixième Conférence mondiale des présidents de parlement, une réunion organisée tous les cinq ans par l’Union interparlementaire (UIP) en partenariat avec les Nations Unies.
La Conférence, considérée comme le forum parlementaire de plus haut niveau au monde, s’est tenue du 29 au 31 juillet 2025. Elle a rassemblé des centaines de participants, dont 102 présidents de parlement, 34 vice-présidents, des parlementaires, des diplomates, des responsables des Nations Unies, des experts et des représentants de la société civile, du monde universitaire et des médias.
La Conférence s’est déroulée dans un contexte de tensions mondiales croissantes et de conflits régionaux. Après trois jours de débats et de négociations, les présidents de parlement ont adopté une Déclaration soulignant les transitions essentielles qui s’imposent pour faire progresser la paix, la justice et la prospérité, sur la base d’un engagement renouvelé à approfondir la mobilisation parlementaire en faveur des Nations Unies au moyen d’un appel pour un multilatéralisme plus fort et plus efficace.
La Déclaration souligne la nécessité d’une collaboration accrue et d’une volonté politique renforcée pour s’attaquer à des questions telles que les changements climatiques, les conflits armés, l’instabilité économique et la transformation numérique. Les dirigeants parlementaires ont souligné l’opinion selon laquelle les défis mondiaux exigent des réponses coordonnées ainsi qu’une solidarité entre les nations.
Les présidents de parlement ont également souligné la nécessité de restaurer la confiance du public dans la démocratie et ses institutions clés. La Déclaration exhorte les gouvernements à intégrer pleinement les objectifs de développement durable des Nations Unies dans leurs politiques nationales, à lutter contre l’augmentation des fausses informations et à veiller à ce que la législation soit fondée sur la science et les données probantes.
Les parlementaires ont déclaré que la sécurité ne devait pas être considérée uniquement sous l’angle militaire. Ils ont plutôt appelé à une approche plus large qui s’attaque aux causes profondes de l’insécurité, de la pauvreté et des inégalités face au déclin environnemental.
L’égalité des sexes a été un thème central, en partie grâce au quinzième Sommet des présidentes de parlement, qui a précédé la Conférence. Ce sommet, organisé conjointement par l’UIP et le Parlement suisse, a réitéré les appels lancés pour que l’autonomisation des femmes et la parité hommes-femmes soient placées au cœur des efforts visant à construire la paix et à favoriser l’innovation.
Les discussions à Genève ont porté sur la nécessité d’une réforme économique et de dirigeants parlementaires qui soutiennent une transition vers des modèles durables et axés sur les personnes. La Déclaration préconise des investissements dans l’économie verte et les secteurs des soins et appelle à une protection accrue des populations vulnérables.
Dans le cadre de son programme tourné vers l’avenir, la Conférence a également appelé à une réglementation plus stricte de l’intelligence artificielle et des technologies numériques, afin de veiller à ce qu’elles soient gérées de manière responsable et employées à des fins pacifiques, en respectant les droits fondamentaux et dans l’intérêt de l’ensemble de la société.
Citations :
Michael Douglas, acteur, militant et Messager de la paix des Nations Unies, a déclaré à l’ouverture de la Conférence : « Lorsque votre foi fait défaut… tournez-vous vers les rêveurs, vers le progrès et vers ceux qui le rendent possible. Et surtout, appuyez-vous les uns sur les autres. Appuyez-vous sur les dirigeants prêts à privilégier le compromis plutôt que leur ego. Appuyez-vous sur les parlements, qui sont autant de phares dans la tempête de l’autoritarisme. Appuyez-vous sur les organes législatifs, qui luttent pour une démocratie inclusive sans jamais baisser les bras. Et appuyez-vous sur les parlementaires, ici comme dans le monde entier, unis au peuple pour lutter contre la cruauté, contre la corruption, contre les rois. »
Tulia Ackson, Présidente de l’UIP, a dit : « Nous sommes tous le fruit de nos communautés et de nos interactions avec les autres, à commencer par nos parents, jour après jour, tout au long de notre vie. En Afrique, nous exprimons cette idée en un seul mot : ubuntu. Ce qui signifie à peu près : je suis parce que tu es. De même, il n’existe pas de nation qui puisse vivre et prospérer isolée du reste du monde. Il ne peut y avoir d’intérêt national défini en totale opposition avec ce qui est bon pour le monde dans son ensemble. Aujourd’hui plus que jamais, alors que le monde est devenu plus petit et plus interdépendant, les pays doivent travailler ensemble pour trouver des solutions à leurs problèmes communs. »
Maja Riniker, Présidente du Conseil national suisse, a déclaré : « Nous devons dès maintenant placer l’égalité des sexes au cœur même de la paix et de la sécurité. Les conflits qui touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles, ainsi que la violence sexiste utilisée comme arme de guerre, doivent cesser. Les femmes doivent participer aux négociations et aux processus de paix au même titre que les hommes. Nous devons veiller à ce qu’elles soient non seulement présentes, mais aussi qu’elles aient les moyens d’agir, qu’elles soient soutenues et qu’elles disposent des ressources nécessaires pour prendre des décisions à chaque étape de la diplomatie, de la prévention des conflits, des négociations et du relèvement post-conflit. Nous devons également veiller au respect du droit international humanitaire et à ce que les conséquences des conflits soient abordées dans une perspective sexospécifique. »
Tatiana Valovaya, Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Genève, a affirmé : « Les Nations Unies apprécient profondément leur coopération avec les parlements, qui sont le cœur battant de la démocratie. Le leadership parlementaire est indispensable au système multilatéral : vous élaborez les lois, vous définissez les budgets et vous demandez des comptes aux gouvernements. Nous sommes très heureux que cette Conférence mondiale marque le début d’une nouvelle ère pour la Salle des Assemblées. »
Martin Chungong, Secrétaire général de l’UIP, a conclu en ces termes : « Au vu du nombre de présidents de parlement et d’autres parlementaires de haut rang qui se sont réunis ici à Genève et qui se sont exprimés avec tant de passion au cours des deux derniers jours au sujet de leurs priorités pour construire un monde meilleur, j’ai de nouveau espoir. J’ai de nouveau la conviction qu’il y a un avenir pour le système multilatéral que les Nations Unies ont édifié depuis 80 ans… et l’UIP depuis 136 ans. La conviction que nous sommes plus forts ensemble, que le dialogue et la diplomatie sont de meilleurs outils que les balles et les bombes pour résoudre les problèmes, et que les parlements peuvent jouer un rôle clé dans la relance de la coopération mondiale. »